Le programme du 4 mai 2024 comprend un documentaire en matinée sur l’organisation des récupérateurs en Argentine, suivi de visites de plusieurs coopératives de récupérateurs, afin d’observer leur travail quotidien de collecte dans la rue et d’en apprendre davantage sur leur modèle de gestion collective. Après un déjeuner typique argentin, l’Asado, et un après-midi libre pour découvrir Buenos Aires, la journée se terminera par une visite du siège de l’UTEP, un syndicat de travailleurs de l’économie populaire en Argentine, où on organisera une Fête d’adieu internationale avec des performances artistiques et on partagera un dîner avec les délégations.

8 h 30 Documentaire “Patria Cartonera” 

Nous projetterons le documentaire « Patria Cartonera », produit par la Federación Argentina de Cartoneros, Carreros y Recicladores (FACCyR), dans la salle Gaudí de l’hôtel NH. Ce documentaire a été tourné dans différentes  villes côtières d’Argentine et vise à montrer comment les récupérateurs du pays ont réussi à améliorer leurs conditions de travail et de vie grâce à l’organisation collective et à la syndicalisation. Il explore également comment le recyclage constitue un important travail de protection de l’environnement.

La réalisation de ce documentaire a été soutenue par WIEGO dans le cadre du projet « Waste Reduction in Coastal Cities through Inclusive Recycling » [Réduire les déchets dans les villes côtières grâce à un recyclage inclusif] (ReWCC pour son sigle en anglais). Il est présenté en espagnol, mais il est sous-titré en anglais pour une meilleure accessibilité.

Coopérative Amanecer de los Cartoneros

La coopérative “Amanecer de los Cartoneros” est au cœur du processus organisationnel de la Federación Argentina de Cartoneros, Carreros y Recicladores et opère dans la ville autonome de Buenos Aires. C’est un modèle qui sert d’exemple dans notre pays pour démontrer que les récupérateurs sont capables de gérer un système de qualité dans l’unité et la démocratie. En 2002, les cartoneros, cartoneras et activistes ont commencé à s’organiser, luttant contre la violence policière et la persécution de leur travail dans les rues.

La première grande victoire a eu lieu en 2005 avec l’adoption de la loi « zéro déchet », qui a établi le premier cadre juridique dans la ville de Buenos Aires pour l’intégration de la collecte  du carton  en tant que politique publique de recyclage. La coopérative a été légalisée en 2007 pour lancer  le processus de cogestion avec le gouvernement de la ville, ce qui a permis le financement du  système par le biais d’accords de service.

La coopérative Amanecer a commencé par la reconnaissance du paiement pour les  services, en garantissant un revenu de base à ses membres et la vente du matériel, en obtenant un transport sûr pour ses travailleurs dans des bus et pour le matériel dans des camions. En 2014, le premier centre de recyclage vert a été inauguré, géré entièrement par les récupérateurs. Le processus de commercialisation collective a été renforcé  afin de pouvoir vendre directement à l’industrie et d’améliorer ainsi le revenu de chaque récupérateur.

En 2019, deux nouvelles usines dotées d’une technologie de pointe  ont été inaugurées, permettant à tous les membres de participer à la commercialisation collective. Actuellement , la coopérative compte plus de 4 700 membres et collecte en moyenne 2 500 tonnes par mois, qui sont traitées dans ses trois centres verts et réintroduites dans l’industrie.

Chaque membre reçoit un salaire mensuel pour ses tâches, ainsi qu’un paiement  variable en fonction de la quantité de matériaux recyclés. La coopérative aborde de manière globale les questions sociales dans le secteur du recyclage, avec des projets tels que six centres de loisirs et d’apprentissage pour les enfants des membres, l’accès à la protection sanitaire , des soupes populaires, des équipes de promotion  de l’environnement, de la santé et de l’égalité de genre , ainsi qu’un centre pour les retraités.

9 h 15 Collecte dans les rues

Au cours de la semaine, près de l’hôtel, nous observerons des récupérateurs qui collectent des matériaux, tandis que des camions de la Cooperativa Amanecer les recueillent  pour les transporter  au Centre vert. Nous serons logés dans le Microcentro, un quartier où la coopérative travaille du lundi au vendredi.

Tous les quatre ans, la coopérative signe un accord avec le gouvernement de la ville pour exposer en détail  les services fournis. Depuis toujours , la coopérative est chargée de la collecte sur un cinquième du territoire de la ville. La collecte est organisée en « itinéraires », les parcours étant attribués de porte à porte à chaque récupérateur . Il existe actuellement 48 itinéraires, chacun ayant des délégués démocratiquement élus chargés d’assurer le bon fonctionnement du service. Une fois la collecte terminée, l’équipe logistique transporte  les matériaux au centre vert pour les peser, les trier et les vendre.

Au cours de notre visite, nous aurons l’occasion d’apprendre  comment ils s’organisent et de discuter avec les protagonistes de ce travail important.

10 h Centro Verde Barracas

Lieu.

Nous ferons une courte  visite du Centre vert de Barracas. Cette usine MRF, pour son sigle en anglais (Mechanical Recycling Facility -Installations de recyclage mécanique) a été inaugurée en décembre 2019 et a permis la pleine intégration de la coopérative dans le système de commercialisation collective. Il s’agit d’un modèle exceptionnel dans notre pays en raison de sa capacité de gestion et de son efficacité. En outre, elle collabore avec d’autres coopératives de la FACCYR pour obtenir de meilleurs prix dans l’industrie. Actuellement, 300 personnes travaillent comme opérateurs en trois équipes, garantissant la collecte de plus de 1200 récupérateurs  de matériaux  dans les rues.

Le samedi 3 février de cette année, le Centro Verde Barracas a été victime d’un incendie criminel qui a entraîné une perte incalculable de machines et des années de travail.. Les enquêtes sont en cours, et cet incident nous rappelle les grands intérêts auxquels l’organisation de base des récupérateurs est confrontée de la part d’autres secteurs qui cherchent à les maintenir soumis et désorganisés. Cependant, même le feu ne pourra pas arrêter cette expérience qui a permis de gagner tant de droits. La coopérative a déjà élaboré un plan pour que les membres qui dépendaient de Barracas puissent continuer à collecter, trier  et commercialiser les matériaux  par l’intermédiaire d’autres coopératives de la Fédération, tandis qu’avance  la planification de la reconstruction de Barracas.

11 h Cooperativa Recicladores Unidos de Avellaneda (Coopérative des récupérateurs unis d’Avellaneda)

Lieu.

Dans la Cooperativa Recicladores Unidos de Avellaneda, 200 cartoneros et cartoneras travaillent et recyclent plus de 100 tonnes par mois. Le système  de collecte et de tri est similaire à celui appliqué par  la coopérative Amanecer : collecte en porte-à-porte, promotion de l’environnement, logistique de transfert vers le centre, tri et vente à l’industrie. En outre, les plastiques et les déchets électriques et électroménagers génèrent de la valeur ajoutée  en vue de leur réintroduction dans l’industrie.

Mais ce chemin n’a pas été facile, et lors de la visite nous pourrons découvrir l’histoire de la lutte des membres de cette coopérative. En 2017, la municipalité a tenté de mettre en place un système municipal de collecte des matériaux recyclables qui étaient  enterrés. La source de travail des récupérateurs était menacée, car il ne restait plus de matériaux sur la voie publique. Ils se sont organisés en coopérative et ont décidé de lutter ensemble pour leurs droits et leur reconnaissance. L’usine de recyclage avait été construite par la municipalité, mais elle était désaffectée. Le 17 septembre 2018, les membres de la coopérative et la Fédération ont occupé l’espace et ont réussi à négocier un système de cogestion avec la reconnaissance de leur travail.

Actuellement, Recicladores Unidos de Avellaneda est une coopérative fondamentale pour que Amanecer puisse poursuivre le travail de ses membres après le grave incendie. Ils reçoivent le matériau  de Buenos Aires la nuit pour le trier et le commercialiser.

13 h Asado

Nous dégusterons  un Asado qui est une tradition emblématique de la culture argentine. Le pays possède de vastes étendues de plaines, connues sous le nom de région pampéenne, qui depuis des  siècles sont consacrées à l’élevage de bétail. Dès le milieu du XIXe siècle, les gauchos, cavaliers issus des classes populaires qui travaillaient pour les propriétaires terriens dans les campagnes, préparaient déjà des asados.

L’asado se compose de différentes coupes de bœuf, cuites à la braise et accompagnées de sauces et de salades. Mais au-delà d’un simple repas, il s’agit d’un moment de rencontre qui reflète un rituel ancré dans la culture argentine. De la préparation de l’asado à l’attente et au moment prolongé qui suit, appelé « sobremesa », on privilégie les conversations, les discussions et les rencontres avec les proches qui méritent d’être partagées.

L’asado transcende toutes les classes sociales. En outre, compte tenu de la diversité des préférences alimentaires, nous proposerons un menu végétarien de légumes rôtis afin que tous les membres du groupe puissent profiter pleinement de ce moment unique de convivialité.

16 h Après-midi libre

Après le déjeuner, nous aurons quelques heures de libre. Si vous le désirez, vous pourrez vous reposer, mais nous aurons également des collègues  disponibles pour ceux qui veulent faire des visites culturelles dans les environs du Congrès.

Vous pouvez également consulter le Guide de Buenos Aires pour en savoir plus sur certaines options.

Il est important de tenir compte de l’heure de départ pour notre fête  internationale, car nous partirons et reviendrons ensemble en bus.  Le départ est prévu  à 19h00 précises  dans le hall de l’hôtel.

Pour en savoir plus, consultez le le « Guide de Buenos Aires pour les récupérateurs ».

19 h UTEP (Union des Travailleurs et Travailleuses de l’Économie Populaire)

Lieu.

Avant la Fête Internationale, nous visiterons le siège de l’UTEP, l’Union des Travailleurs et Travailleuses de l’Économie Populaire, un syndicat qui représente et défend les droits de tous ceux qui sont  exclus du marché du travail, ceux d’entre nous qui produisons notre  propre travail pour survivre. Ce syndicat est indépendant de tous les partis politiques et constitue un instrument  de lutte pour la restitution des droits du travail et des droits sociaux qui nous ont été retirés par le néolibéralisme et que nous n’avons pas encore récupérés.

L’économie populaire englobe 30 % de la population active en Argentine, ce qui représente au moins 6 millions de personnes, dont seulement 1 million sont organisées. L’UTEP rassemble ces travailleurs qui ne disposaient pas d’un espace institutionnel pour exprimer leurs revendications et obtenir leurs droits collectivement.

Cette organisation est composée de différentes catégories de travailleurs ,comme  les cartoneros, les paysans, les artisans, les vendeurs de rue, les forains, les couturières, les travailleurs des entreprises récupérées, les travailleurs de la construction et les travailleurs sociocommunautaires. La FACCYR, branche des récupérateurs de l’UTEP, regroupe 150 coopératives de cartoneros dans tout le pays.

Tout au long de ces années de lutte, de nombreuses avancées ont été réalisées pour faire progresser nos droits :

• 2021 : obtention de la personnalité sociale et de la reconnaissance par le ministère national du travail.
• 2016 : promulgation de la loi d’urgence sociale, création du registre national de l’économie populaire et mise en place du salaire social complémentaire.
• 2018 : création du RENABAP et promulgation de la loi sur l’intégration sociale et urbaine, ainsi que l’enquête nationale sur les 4 416 quartiers populaires.

19 h 15 Fête internationale dans le quartier de Constitución

Dans la soirée, nous organiserons une Fête internationale d’adieu à notre premier congrès électif dans le quartier de Constitución.

Nous assisterons à des représentations artistiques argentines surprises  pendant que nous partagerons le dîner.

Nous invitons les délégations qui le souhaitent à porter leurs costumes traditionnels, à préparer des chansons et à les partager.

Le dîner aura lieu dans un autre quartier, Constitución, et il est important de respecter l’heure de départ car nous voyagerons en transport privé. Au  retour, nous rentrerons tous ensemble à l’hôtel.